Édito
Chères spectatrices, chers spectateurs, chères amies, chers amis,
Cette nouvelle saison sera à n’en pas douter l’une des plus surprenantes et denses de l’histoire du Centre dramatique. Ne voulant de toute évidence renoncer ni aux spectacles empêchés des deux dernières saisons, ni aux nouvelles créations qui se préparaient, nous l’avons imaginée comme un grand radeau dans la tempête, accueillante, fraternelle, multiple. Par d’heureux hasards et carrefours, elle rassemblera des artistes venus d’horizons très divers. De Besançon, de Suisse, mais aussi de Sibérie orientale, d’Italie, du Brésil, du Portugal, des États-Unis et de Russie. Après deux années de confinement dans des zones géographiques excédant rarement les frontières nationales, cette saison nous permettra de reprendre des nouvelles sensibles du monde, d’en toucher « la peau fragile », comme l’écrivait le regretté Jean-Luc Nancy. Elle commencera à Komsomolsk-sur-l’Amour, petite ville aux confins de l’Extrême-Orient russe, où Tatiana Frolova et son Théâtre KnAM développe depuis plus de vingt ans un art poétique et politique d’un courage et d’une délicatesse sans pareil. Après une première partie de répétitions dans leur petit théâtre de 26 places, un long voyage et dix jours de quarantaine dans un hôtel bisontin, ils aboutiront pendant trois semaines la création sur le plateau du CDN. Ils sont toutes et tous plus qu’impatients de vous livrer leur version du Bonheur...
Après un temps fort autour de la scène suisse contemporaine (particulièrement consacré à de jeunes et talentueuses metteuses en scène), nous aurons le plaisir de retrouver enfin des artistes qui nous ont tant manqué au cours de ces longs mois de fermeture : la brésilienne Christiane Jatahy et son Odyssée autour du monde, allant à la rencontre d’Ulysses contemporains cherchant une terre d’asile ; ainsi que David Geselson et sa troupe franco-américaine rassemblée autour de la figure de Nina Simone. Quant aux italiens Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, ils nous inviteront, avec leur nouvelle création, à une danse en équilibre entre l’art et la vie, comme ils en ont seuls le secret.
Deux prochains numéros trimestriels seront consacrés aux spectacles de l’hiver et du printemps, mais pour vous en donner un bref aperçu, sachez que le génie de William Shakespeare n’en a pas fini de faire bouger encore les plaques tectoniques de notre histoire la plus contemporaine...
Toute l’équipe du CDN forme le voeu que cette saison – ininterrompue ! –, nous permette de nous retrouver, de réinventer un partage du sensible, et contribue, par l’art, à redonner sens et forme aux endroits les plus vulnérables, blessés, de nos vies intimes et communes.
Célie Pauthe
1er septembre 2021